Témoignages

Edith Tanghe, ouvrière, déléguée et comédienne

42 ans de carrière dans le textile. Edith Tanghe connait son sujet. Nous l’avons rencontrée en son domicile mouscronnois.

« Je n’étais pas formée, mais je faisais un métier lourd »

« J’ai commencé en 1973 chez Tiberghien, j’avais 14 ans. » Un choix qui ne répondait pas forcément aux aspirations de la jeune Edith. « J’avais une famille qui ne poussait pas aux études, alors j’ai travaillé jeune. »

C’est donc chez Tiberghien, aujourd’hui Utexbel, qu’Edith fait ses premiers pas. « J’ai été prise directement, après un test. J’étais d’abord bâcleuse, en retorderie. J’ai passé le premier jour à faire des noeuds de tisserand. On était, en quelque sorte, en apprentissage, on faisait les petits boulots. Chaque semaine, une soeur venait nous voir, le jeudi, pour proposer une activité divertissante. »

Après quelques années, Edith Tangue passe « sur machine »: le continu à retordre. « Assez vite, en fait. Je comprenais vite le travail, je réparais les machines moi-même. J’apprenais facilement, j’ai quasiment fait tous les métiers! J’étais petite, pas « formée », mais je faisais un métier lourd. Avec toutes les conséquences sur la santé… J’ai des problèmes de hanche aujourd’hui, une scoliose… »

L’art qui rend noble

Après 16 ans de carrière chez Tiberghien, Edith quitte. En cause: de mauvaises relations de travail, une contredame « difficile », du harcèlement. C’est à ce moment là que le théâtre entre dans sa vie. « J’ai fait du théâtre pendant 25 ans. C’est un exutoire. Jouer un rôle, ça permet de s’évader. Mais aussi d’être reconnue par les gens, de les faire rire. C’est une satisfaction ; ça donne une importance qu’on ne pensait pas avoir. » Au rythme de trois répétitions par semaine, jusqu’à minuit, Edit conjugue sa passion et son métier d’ouvrière textile. « Je commençais à 5h, tous les jours! »


Edith Tangue a été médaillée plusieurs fois.

«  Jouer un rôle, ça permet de s’évader. Mais aussi d’être reconnue par les gens, de les faire rire. C’est une satisfaction ; ça donne une importance qu’on ne pensait pas avoir.« 

— Edith Tanghe

Le syndicalisme qui donne de la voix

Après un bref passage chez Moulin Vernier à Luingne, et deux ans chez Coverfil, Edith revient chez Tiberghien. Entretemps, l’entreprise est devenue « Utexbel ». « C’est là que je suis devenue déléguée syndicale, et secouriste. J’aurais pu être déléguée bien avant. Je n’avais pas peur des chefs, et je ne supportais pas les injustices. C’est un métier où on en voit beaucoup. En étant déléguée, j’ai pu un peu plus ouvrir ma gueule.« 

« C’est difficile d’accepter qu’on ne sait plus le faire »

Edith a 56 ans à la fin de sa carrière. Les soucis de santé la rattrapent. Mal de dos, problème au tendon d’achille… La douleur ne permet pas de continuer. « Là on se dit ‘mince, je ne suis plus capable’. C’est très difficile d’accepter qu’on ne sait plus le faire. Mais il le fallait: j’ai pris ma prépension. »

Dans sa maison du Tuquet, Edith poursuit son récit. Depuis sa prépension, elle n’a pas une minute à elle. Elle crée des vêtements, des jouets, en tricot, en crochet. Des animaux en laine pour les enfants. Le repos, ce sera pour plus tard.

4 thoughts on “Edith Tanghe, ouvrière, déléguée et comédienne”
  1. Jean-Claude dit :

    Bravo BRAVO

  2. Super une partie de ta vie que je ne connaissais pas

  3. Sylvie dit :

    Fière de toi ma petite maman. Je t’aime

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