News Témoignages

Verviers : promenade à travers le patrimoine ouvrier

C’est un texte que j’ai écrit suite à séjour de deux jours à Verviers, dans le but d’étendre ma recherche sur le textile au fil des femmes. Un déplacement réalisé aux côtés de mes partenaires de PAC Wallonie picarde, PAC Verviers, mais aussi le CEPAG et la FGTB Verviers. Dans le futur, nous nous reverrons pour développer le projet, rencontrer des témoins et acteurs locaux, et tenter d’amener un projet concret dans cette région. Ce texte sera publié prochainement, en version plus longue, dans la revue d’Eco-Vie (Mouscron).

Des villes qui se regardent

Verviers, pas par hasard. Verviers, méconnue, toujours un peu dans l’ombre de sa grande voisine Liège. Pour nous, Mouscronnois, Cominois, Estaimpuisiens, elle n’est peut-être pas une évidence. Pourtant, la Cité lainière a beaucoup à nous montrer, et à nous apprendre.

Cette visite m’a en effet permis de constater comment d’autres villes mettent en valeur leur patrimoine industriel et ouvrier. Verviers, tout comme Mouscron un peu plus tard, s’est en effet construite sur la base de son activité « textilienne ». Lainière, plus particulièrement.

Le long des berges de la Vesdre, on voit aujourd’hui les traces de ce passé, mises en valeur notamment dans le parcours « Je file en ville ». Qui permet d’admirer nombre de machines d’époques, exposées et expliquées au fil des rues. Sur plus de trois kilomètres, l’on peut ainsi mieux se figurer le quotidien de milliers d’ouvriers et d’ouvrières, lors d’un beau face à face avec ces imposantes – et souvent dangereuses – machines. Mention spéciale pour l’immense « Léviathan », monstre de métal (et d’eau), qui servait à laver la matière première (photo de tête).


La balade trouve par ailleurs sur son chemin le très beau Centre touristique de la Laine et de la Mode, qui permet de se plonger dans l’histoire des métiers de la laine et de la confection. L’on admire aussi de très nombreux bâtiments remarquables (Grand-Poste, Hôtel de Ville,…), témoins de la gloire passée de cette région.

Une lente reconstruction

Il est nécessaire ici de préciser que Verviers est en perpétuelle reconstruction. Elle n’a plus vraiment le lustre des belles villes, et elle souffre particulièrement des crises successives qui l’ont traversée. Suite au déclin de l’industrie textile, après la deuxième guerre mondiale (déclin qui a commencé bien avant celui qu’a connu Mouscron et sa région), les commerces d’habillement ont quitté les quartiers. Ce qui a causé une désertification du Centre-Ville. Ce dernier est coupé par de nombreux chantiers, et les blessures laissées par les inondations de l’été 2021 sont nombreuses.

La blessure est encore vive. Mais la volonté y est. Verviers veut faire de son patrimoine une identité. Son patrimoine passé, mais aussi présent. Verviers se relève lentement. Il reste beaucoup à réparer. Tout est en cours. Le travail de mémoire, aussi.

En marchant, l’on découvre çà et là d’autres trésors : une mise à l’honneur des premiers syndicalistes et fondateurs de journaux de gauche, de très belles fresques militantes… La mise à l’honneur de Marie Mineur, symbole des luttes textiles et féministes… Un tissu associatif actif, qui donne la parole à toutes et tous, valides ou moins valides… Une belle coopération entre tous les acteurs de l’éducation permanente…

Verviers a des choses à nous dire

Pour nous, habitants de la région de Mouscron et sa frontière, il y a matière à réfléchir.

Nous parlons ici de Verviers, une ville de presque 60 000 habitants.

Qui a connu une industrie textile florissante, puis son déclin.

Qui abrite une population multiculturelle.

Qui souffre de plusieurs maladies: des travaux à rallonge, une précarité visible dans certains quartiers, un centre-ville déserté par les commerces, des immeubles abandonnés.

Certes, Mouscron n’a pas les pierres de Verviers ; ni sa rivière.Mais n’ont-elles pas, néanmoins, beaucoup de choses à se dire ?

1 thought on “Verviers : promenade à travers le patrimoine ouvrier”
  1. Karine Van de Walle dit :

    Je te suit dans cette histoire intéressante.
    Ici, à Gand, une histoire de textile comparable à voir au musée Miat par exemple.
    T’as pris de jolie photos!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *