Suite de l’entretien avec la très sympathique Edith. Elle revient sur son expérience de déléguée chez Utexbel.
« En filature, nous étions surtout des femmes. Bien sûr, c’est particulier. Il peut y avoir des jalousies qui s’installent, des commentaires… Mais j’ai gardé des amies que je connais depuis que j’ai 14 ans. Dès le début, nous avons travaillé ensemble. C’était une époque où on pouvait vraiment rigoler. Pas comme maintenant ! »
« Je ne suis pas de celles qui battent des cils »
Comme déléguée, Edith a le verbe haut. Elle ose. « Je n’ai jamais eu peur des chefs. J’ai un caractère fort, je ne sais pas mentir. J’ai souvent dû aller au conflit, mais la direction savait que j’avais raison. Par conséquent, ça m’a valu de ne pas être très soutenue, parfois, par d’autres délégués. Je ne voulais pas être vue différemment, pas être vue « comme une femme ». Certains considéraient mal les femmes dans ce milieu… Mais je ne suis pas de celles qui battent des cils. Je voulais être vue comme déléguée, représentante des ouvriers ».
Des bons et des mauvais moments
« On a eu de très bons moments, et aussi de très mauvais. Une contredame particulièrement difficile, par exemple. Il y a eu des accidents de travail aussi… En filature on porte toujours un couteau, un stanley. Il arrivait qu’on se coupe, parfois fort. C’est pour cela que je suis devenue secouriste. »
Et si c’était à refaire? « Avec le recul… Je ne le referais pas. C’est toujours se battre. C’est un métier où il peut y avoir énormément d’injustices… J’en ai vues, des filles, qui ont été dégoûtées. Si j’avais le choix, aujourd’hui, je ferais autre chose. J’aurais aimé faire un métier au contact d’animaux par exemple.«
Edith conclut l’entretien en nous montrant trois médailles. Celles qui ont récompensé 25, 30 et 35 ans de carrière. Une carrière qui a laissé des traces, et qu’elle porte fièrement.
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