Le témoignage qui suit est le premier qui ait été récolté dans le cadre de cette recherche. « Mme Demets » n’a pas souhaité qu’on l’appelle par son prénom. Pas par snobisme, loin de là. Mais bien parce que ce prénom est associé à toutes les luttes syndicales qui ont accompagné le déclin du textile à Mouscron. Et particulièrement celui d’un des fleurons les plus connus: Motte. Aujourd’hui, Mme Demets a pris un peu de recul. Le choc textile, elle l’a vécu de plein fouet, et elle l’a combattu avec ferveur.
Jeune fille
« Je suis née en 51. J’ai commencé chez Motte à l’âge de 14 ans. Je me souviens précisément. Ce matin-là, j’ai mangé une poire. » En terminant sa poire, la jeune demoiselle devenait bâcleuse. Puis, comme chacune de ces jeunes travailleuses, elle se formait pendant une année ou deux, avant de travailler sur une machine. « J’ai fait tous les postes. Je savais faire tous les métiers, à tour de rôle. »
Le chômage a frappé. Vite. « Vers 20 ans, je suis partie à l’Union cotonnière à Mouscron, mais l’usine a fermé, elle est partie à Gand. En 1974, je suis retournée chez Motte, et j’y suis restée jusqu’à la fin. J’ai vécu toutes les faillites, toutes les reprises. Je ne sais pas les compter. »
« Il y avait beaucoup d’histoires de famille dans le textile. Surtout chez Motte. On engageait le fils, le petit-fils d’un ouvrier… On travaillait là de génération en génération. Les chefs étaient de grands chrétiens ; on nous demandait si on allait à la messe ! Je faisais la route avec des voisines, à vélo. Les contre-dames surveillaient avec qui on arrivait, à qui on parlait. Elles nous faisaient éventuellement des reproches. J’ai dû marcher droit ! »
Syndicaliste
« C’est une amie qui m’a demandé… Il manquait quelqu’un, et je me suis mise sur les listes… » Ce qui commence comme un service rendu devient rapidement quelque chose de déterminant dans la vie de Mme Demets. « Être déléguée… C’est un combat, tout le temps. Ça rend plus dure, plus déterminée, même dans la vie de tous les jours. J’étais tellement fâchée…. J’ai toujours lutté. Celui ou celle qui fait ça avec passion doit lutter aussi pour expliquer ce qu’il fait, et pourquoi. On se fait des amis et des ennemis. Je n’ai rien à dire du syndicat, on avait le feu vert, toujours. On avait un permanent syndical magnifique, et c’était Patrice (D’Hoop, NDLR). On pouvait l’appeler à 5h du matin si on avait un problème. Il y avait des comités textiles où toutes les générations se côtoyaient. Les connaissances étaient transmises. C’est comme ça que j’ai appris. »
« Je suis rentrée sur les listes en 1978. J’y suis restée jusqu’en 2007, à la fin de ma carrière », indique celle qui, après la fermeture définitive de Motte, se consacrera dès 2005 à la cellule de reconversion, Artlaine. « Beaucoup de femmes ont retrouvé du boulot grâce à ça. On travaillait tous ensemble. FGTB, Forem… Pour mon départ à la pension, les personnes au chômage se sont cotisées, j’ai eu un dîner, un cadeau… Je pense qu’on était bien aimés de tout de monde. »
Travailleuse
« Je devrais tout raconter, tu peux écrire un livre. On en a eu des misères… mais aussi des fous rires ! On était une équipe de délégués très soudée, aussi avec le syndicat. C’était un secteur solidaire, bienveillant. Nous n’étions pratiquement que des femmes. Bien sûr, avec des caractères différent! Mais j’en côtoie encore certaines, on va manger ensemble parfois. »
J’ai commencé à travailler à 14 ans chez flamme à mouscron rue Roger salengro puis mon frère ma rejoint à l’âge de 15ans
Croyez moi on ne rigoler pas avec les anciens mais ils nous ont appris le métier (tissage)
5-13 13-21h à 14ans maintenant impensable ! Mais à l’époque pas de problème avec la bénédiction du gouvernement !!