Témoignages

« On n’avait pas le droit de parler, pas de pause… »

Photo : les établissements Motte. Photo fournie par Cartafana (DVD 10 ans de Cartafana, 2006)

« Le 16 juillet 1958, ma mère m’a réveillée à 4h pour que j’aille travailler. J’avais 14 ans. » Josiane Decante est née le 16 juillet 1944. Comme pour beaucoup d’autres jeunes, la cloche sonne la fin de l’école à ses 14 ans. Nous sommes en 1958. « Il fallait ramener de l’argent. »

Josiane travaille chez Motte à Mouscron. Pendant 8 ans, elle a enfourché son vélo tous les matins. On faisait « de cinq à une ». « Je me souviens de ma première paie. J’étais fière de donner l’enveloppe à ma mère. »

Josiane commence comme bâcleuse ; il faut nettoyer les machines. « Chaque année, on changeait de poste: première ouvrière sur une machine, ensuite on passait sur une « plus belle machine »… » Sa tenue de travail était simple, elle portait un tablier. Ainsi qu’un chapeau en coton avec un liserai de couleur différente en fonction du poste occupé. « C’était obligatoire d’arriver avec son chapeau et les cheveux attachés. Sinon, on ne pouvait pas travailler. C’était une question de sécurité. On avait les cheveux longs, il ne fallait pas les coincer dans les machines. »

Mais pour Josiane, ce n’est pas la joie. Le rythme, l’ambiance, sont compliquées. « Des contremaîtres nous appelaient « les machins »… Il n’y avait pas une très bonne entente entre la jeune génération et les plus anciens de l’usine. On n’avait pas le droit de parler, on n’avait pas de pause… » Josiane reste pendant 8 ans, et se fait néanmoins une amie.

Passer la frontière

En 1966, elle traverse la frontière et part travailler à St Liévin à Wattrelos.

« En arrivant à Saint Liévin, je me suis fait remonter les bretelles par un contremaître ! Je travaillais « trop vite ». J’avais gardé la cadence de chez Motte… Mai 68 a apporté beaucoup de changement dans les droits du travail. C’est pourquoi j’ai de meilleurs souvenirs de ces années à Saint Liévin. » Josiane y est restée jusqu’à sa retraite, qu’elle a consacrée à sa petite-fille.

« Je me souviens : à la période des congés payés, le vendredi, on arrêtait les machines plus tôt pour boire de la bière tous ensemble. Le PDG passait à cette période-là et serrait la main de tous les employés. »


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