Témoignages

Plusieurs faillites sur une carrière

Annie Demets est née le 12 mai 1957. Elle est « l’enfant du milieu », dans une famille qui en compte cinq. L’école, les uniformes, c’était trop cher. « J’ai commencé à travailler à 14 ans. Il fallait ramener de l’argent pour payer l’école des plus petits. »

1971. Annie commence comme émailleuse chez SPES jusqu’en 1980. Annie a connu la crise textile, et a subi ses conséquences à plusieurs reprises. « J’ai travaillé dans beaucoup d’entreprises, et plusieurs ont fait faillite pendant que j’y étais… » Annie a travaillé à la filature de l’Espierres, en tant que pelottoneuse. Ensuite, chez Dubus Textile comme remailleuse. Chez Canni Confex comme piqueuse. La dernière partie de sa carrière, elle la passe chez Limited Edition (photo) où elle crée des échantillons à envoyer à l’étranger. Elle y restera jusqu’à sa pension.

Améliorer les conditions de travail

Parmi tous ces jobs, l’un a été particulièrement important : celui de déléguée syndicale. Elle endosse ce rôle chez SPES et Limited Edition. Au départ, sans conviction. « C’est mon fils et mon mari qui m’ont poussée à devenir déléguée syndicale, parce qu’au début je ne voulais pas ! Ce poste rapporte en général beaucoup d’ennuis. Mais j’ai fini par adorer ça, j’étais très impliquée. »

« Avant, j’étais une ouvrière quelconque. Je venais, je faisais mon travail et puis c’est tout. Je ne portais pas attention aux autres, ni aux besoins. Une fois devenue déléguée, ça a changé. Ce poste a des avantages, mais aussi des inconvénients ! J’étais en quelque sorte « protégée », même si je pouvais aussi être licenciée comme les autres. On a toujours la direction sur le dos… et quand on fait bien pour l’un, il faut faire bien pour l’autre aussi.« 

L’amélioration des conditions de travail, c’était devenu son dada. « J’ai fait valoir les droits des ouvriers, contribué à des changements : toilettes séparées pour les hommes et les femmes, mise à disposition de fontaines à eau et de micro-ondes. J’ai aussi revendiqué les droits de visu sur les caméras de surveillance. Je voulais vérifier ce que le patron filmait et ainsi être sûre qu’il respectait la vie privée des ouvriers. »

Autre gros changement : l’uniforme. « Les hommes puissent mettre des shorts en été alors que les femmes devaient garder le tablier! Ce n’était pas juste ! J’ai instauré un uniforme identique pour tous. »

Un élément que souligne Annie: les femmes étaient très solidaires entre elles. « On prenait du plaisir à travailler ensemble et à s’entraider. Quand j’ai pris ma pension, mes collègues féminines m’ont offert un voyage à Pise! Je n’ai pas dû travailler mon dernier jour ; le patron a organisé un pot de départ et a payé le repas. J’ai vraiment reçu beaucoup de reconnaissance ce jour-là… »

Descriptif photo: Annie Demets travaille a la presse, poste qu’elle affectionne particulièrement. Elle coupe des pièces de tissus d’une certaine forme et taille pour ensuite les assembler et créer des échantillons de tapis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *