Témoignages

Tiberghien : « J’ai pleuré en nettoyant la machine »

Vinciane Delqueux travaille aujourd’hui dans la confection, à Mouscron. Dans l’un des rares ateliers encore actifs, Javanne-Agiva. Sa sœur a travaillé là avant elle. Un job qui lui va comme un gant, puisqu’elle a étudié la couture. Pourtant, sa carrière a débuté à l’usine, dans l’industrie textile, en 1983. Elle travaille au cœur de la filature-retorderie Tiberghien (actuel site d’Utexbel, rue du Bilemont). Une aventure qui s’arrête dix ans plus tard, lors de la faillite de l’entreprise. Une épreuve pour Vinciane.

« Je me souviens, quand j’ai dû rendre le matériel. Ma petite fille avait quatre ans. J’étais au continu à filer ; il fallait nettoyer les machines avant de partir. En le faisant, je pleurais. Ensuite il y a eu des cellules de reconversion. Beaucoup d’entre nous sont allées à La Herseautoise, d’autres sont retournées ensuite chez Utexbel, après la reprise. Pour ma part je suis allée chez Limited Edition, dans les tapis, puis dans la confection chez Agiva, où je travaille toujours ! »

« Faire le fil »

Mais retour chez Tiberghien… « Il y avait des équipes de jour, de nuit… La nuit c’était les hommes. Moi j’étais dans l’équipe du matin. J’étais au continu à filer. C’est là qu’on « fait » le fil. J’adorais mon métier, mais c’était dur. Il fallait surveiller tout le temps car le fil est fin, ça casse… Il faut avoir les bobines à l’oeil. C’est un travail difficile. Parfois on ne mangeait pas, on ne prenait pas de pause ! J’avais une peur bleue que le fil casse. » La passion, on la ressent dans le phrasé, le geste de Vinciane. En parlant, elle mime le travail sur le continu à filer. Elle nous explique: la fragilité du fil, l’intégration du lycra, le risque de casse. Tous les souvenirs sont intacts.

« On était bien payées, c’est sûr. En plus, on avait un bon petit groupe de collègues, on s’entendait super bien. On s’entraidait. Quand l’une avait fait du bon boulot, elle allait aider les autres. C’était une bonne époque. »

J’avais une peur bleue que ce fil casse.

Vinciane Delqueux
1 thought on “Tiberghien : « J’ai pleuré en nettoyant la machine »”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *